Prévention des « situations » à risque … ou fabrication et traitement du « personnel » à risque ?
Le 4 juin 2014 Bruno Mettling, DGA d’ORANGE, signait un relevé de décision concernant la prévention des « situations à risque » dans l’entreprise (voir ci dessous).
Les premières lignes du relevé de décision font référence à une population dite « vulnérable ». Le ton est donné : Il renvoie à la formule bien connue de Claude Veil (psychiatre-médecin du travail) : «on essaie de supprimer les gens qui posent des problèmes plutôt que les problèmes que les gens posent».
Un personnel « fragile », ou un personnel « fragilisé » ?
La mise à contribution du collectif de travail pour stigmatiser les « vulnérables »
Au delà des déclarations d’intention de ce relevé, l’entreprise utilise déjà « l’insuffisance professionnelle » comme argument de licenciement de ses salariés. Et c’est par milliers que les futurs licenciés – les futurs « vulnérables » ? – sont déjà programmés… dans les multiples réorganisations avec suppressions de service (et mobilités forcées) qui sont redevenues le quotidien de l’entreprise.
On n’est pas dans la prévention des « situations » à risques quand on parle du « personnel » à risque.
Et on n’est pas dans les missions des CHSCT (et aux IRP), quand, au lieu de prendre en compte leurs avis sur la toxicité de l’environnement de travail du personnel, on leur demande « de soutenir les victimes » de cet environnement.
L’employeur a l’obligation (de résultat) de ne pas faire courir de risque à la santé de ses salariés, dans l’exercice de leur travail. Publier un relevé de décision axé sur le traitement des salariés « vulnérables », c’est reconnaître que la toxicité du management de l’entreprise fabrique du personnel vulnérable.
Pour aller plus loin :
- Les grandes lignes du relevé de décision d’ORANGE. Renforcer et former les équipes RH, suivre le personnel malade et isolé des services : Prises isolément ces mesures ne sont pas critiquables. Mais plutôt qu’un plan de prévention, c’est un plan d’accompagnement… des victimes des situations à risque dans l’entreprise.
- Le droit d’alerte de l’intersyndicale d’ORANGE. On constate que le relevé de décision ne traite pas les situations à risque soulevées par ce droit d’alerte – accélération des suppressions d’emploi, restructurations, fermetures de site, changements de métiers et d’environnement de travail – si ce n’est (actions 11 et 13) « une analyse des RPS lors des transformations de l’organisation (merci au législateur)… qui fera l’objet « d’une attention particulière » dans le cadre des « décisions » de la Direction générale…
- La déclaration de la CGT sur le fonctionnement des accords sociaux à ORANGE
- Analyse de l’enquête sur le stress dans le groupe Orange, par la CGC. On constate là encore que le relevé de décision ne répond pas aux analyses de cette enquête (charges et horaires de travail, open space nocifs, violence au travail, etc).
4 commentaires pour “Une fabrique de salariés « vulnérables »”