Un rapport du syndicat CGC montre que, suite aux réductions d’effectifs et aux réorganisation des agences et des procédures de travail dans les banques, 63 % du personnel n’a plus le temps de faire son travail correctement, la même proportion dit devoir réprimer ses émotions face à des clients en détresse, et plus d’un salarié sur quatre affirme avoir maintenant peur au travail.
L’Express vient de publier une analyse argumentée de cette situation par le psychologue ergonome X. Vaxevanoglou.
Pour M. Vaxevanoglou, le discours sur la « qualité de vie au travail » tenu à chaque réorganisation n’a pas fait évoluer la situation : les risques des réorganisations sont bien connus, mais les dirigeants font comme si le sujet n’existait pas. Les contraintes (imposées par le conseil d’administration des banques) sont telles qu’elles légitiment les dégâts possibles sur les conditions de travail et la santé.
Citons quelques extraits de cette analyse :
Pendant trois ans, on a assisté à des réorganisations dans le secteur bancaire, accompagnées d’un discours sur l’amélioration de la qualité de vie au travail. Côté réduction des effectifs, les résultats sont bien là. Mais on ne voit aucun effet, dans l’enquête, en matière de réduction des risques psycho-sociaux. Le discours sur la qualité de vie est purement idéologique, il n’a fait en rien évoluer la situation.
(Les réorganisations se font) sur la base d’objectifs financiers à atteindre, et non sur (l’examen) des moyens de production. On arrive donc à des équations intenables. Les résultats sont de la surcharge de travail, de la perte de contrôle, l’impossibilité d’atteindre les objectifs, des injonctions contradictoires, l’absence d’informations pour bien gérer les contraintes et surtout, () une très faible autonomie décisionnelle et très peu de marge de manoeuvre dans sa situation de travail
(Les dirigeants des groupes bancaires) soit savent et ne font rien, soit ne savent pas et considèrent que ce n’est pas leur problème, soit les contraintes auxquelles ils doivent faire face -(envers leurs actionnaires et la concurrence mondiale)- sont telles qu’ils légitiment, en quelque sorte, les dégâts possibles sur les conditions de travail et la santé. Dans les trois cas, le problème est que l’on fait comme si le sujet n’existait pas.